de faute. Toutesfois, comme fort advisé qu’il estoit, il dissimula avec beaucoup de discretion, et dit à sa niece qu’il estoit tres-aise de pouvoir servir Galathée, et mesme en la personne de Celadon, de qui il avoit tousjours aimé les parens, et qu’encor qu’il fust berger, il ne laissoit d’estre de l’ancien tige des chevaliers, et que ses ancestres avoient esleu ceste sorte de vie pour plus reposée, et plus heureuse que celle des cours ; qu’à ceste occasion, il le falloit honnorer et faire bien servir, mais que ceste façon de vivre dont usoit Galathée n’estoit ny belle pour la nymphe, ny honnorable pour elle ; qu’estant arrivé au Palais et ayant veu ses déportements, il luy diroit comme il voulouit qu’elle se gouvernast.
La nymphe un peu honteuse luy respondist, qu’il y avoit longtemps qu’elle avoit fait dessein de le luy dire, mais qu’elle n’avoit eu ny la hardiesse ni la commodité ; qu’à la verité Climante estoit cause de tout le mal. – O ! respondit Adamas, s’il y avoit moyen de l’attraper, je luy ferois bien payer avec usure le faux tiltre qu’il s’est usurpé de druyde. – Cela sera fort aisé, dit la nymphe, par le moyen que je vous diray. Il dit à Galathée qu’elle retournast deux ou trois fois au lieu, où elle devoit trouver cest homme, en cas qu’elle ne l’y rencontrast la premiere fois. Je sçay que Polemas et luy ayant esté trop tardifs le premier jour, ne manquerent d’y venir les autres suivants; qui voudra surprendre ce trompeur, il ne faut que se cacher au lieu que je vous monstreray, où sans doute il viendra. Et quant au jour, vous le pourrez sçavoir de Galathée, car quant à moi je l’ay oublié.