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mais qu’il n’y avoit rien de dangeraux ; que pour estre recogneu, cela ne pouvoit estre, parce que le herault estoit un Franc de l’armée de Meroüée, qui estoit sur les bords du Rhin en ce temps-là, et que tous ceux qui le servoient n’avoient pas mesme permission de sortir hors de la maison, et que sa tante et sa sœur ne le cognoissent que pour le chevalier qui avoit combattu contre Polemas, la valeur, et la libéralité duquel les convioit à le servir avec tant de soin, qu’il ne falloit douter qu’il le peust estre mieux. Qu’il luy avoit commandé de venir sçavoir de moy quel estoit le bruit de la cour, et ce qu’il avoit à faire.

Je luy respondis qu’il rapportast à Lindamor, que toute la cour estoit pleine de sa valeur, encor qu’il y fust incogneu, que du reste il attendist seulement à guerir, et que je rapporterois de mon costé tout ce que je pourrois à son contentement. Sur cela je luy donnay ma response et luy dis : Demain, avant que partir, quand Galathée viendra au jardin, invente quelque occasion d’aller voir ta tante, et prends congé d’elle, car il est nécessaire pour des occasions que je te diray une autre fois.

Il n‘ y faillit point, et de fortune le lendemain la nymphe estant sur le soir entrée dans le jardin, Fleurial s’en vint luy faire la reverence, et voulut parler à elle. Mais Galathée qui croyoit que ce fust pour luy donner des lettres de Lindamor, demeura tellement confuse, que je la veis changer de couleur et devenir pasle comme la mort. Et parce que je craignois que Fleurial s’en prist garde, je m’advançay, et luy dis : C’est Fleurial, madame, qui s’en va voir sa tante, parce qu’elle est malade, et voudroit vous supplier de luy donner congé pour quelques jours.

Galathée, tournant les yeux, et la parole vers moy, me demanda quel estoit son mal. Je croy, luy respondis-je, que c’est celuy des années passées qui luy oste