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des armes, pour le moins en ces choses qui ne peuvent estre autrement averées, de sorte que si vous ostiez de vos estats ceste juste façon d’esclaircir les actions secrettes des meschants, vous donneriez cours à une licentieuse meschanceté qui ne se soucieroit de malfaire, pourveu que ce fust secrettement. Outre que ses estrangers, estans les premiers, qui de vostre temps ont recouru à vous, auroient quelque raison de se douloir d’estre les premiers refusez. Par ainsi, puis que vous les avez remis à moy, je vous diray, dit-il, se tournant vers le herault, que ce chavalier peut librement accuser et deffier celuy qu’il voudra, car je luy promets de luy asseurer le camp.

Le Chevalier alors mit le genouil en terre, luy baisa la main pour remerciement, et fit signe au herault de continuer. Seigneur, dit-il, puis que vous luy faites ceste grace, je vous diray qu’il est icy en queste d’un chevalier nommé Polemas, que je supplie m’estre montré afin que je paracheve ce que j’ay entrepris. Polemas qui s’ouyt nommer, se met en avant, luy disant d’une façon altiere, qu’il estoit celuy qu’il cherchoit. Alors le chevalier incogneu s’avança, et luy presenta le pan de son hocqueton, et le herault luy dit : Ce chevalier veut dire qu’il vous presente ce gage, vous promettant qu’il sera demain dés le lever du soleil, au lieu qui sera advisé pour se battre avec vous à toute outrance, et vous prouver que vous avez meschamment inventé ce que vous avez dit contre luy. – Herault, je reçois, dit-il, ce gage, car encor que je ne cognoisse point ton chevalier, toutesfois je ne laisse d’estre asseuré d’avoir la justice de mon costé, comme sçachant bien n’avoir jamais rien dit contre la verité, et à demain soit le jour que la preuve s’en fera. A ce mot le chevalier apres avoir salué Amasis, et toutes les dames, s’en retourna dans une tente qu’il avoit