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pas de son amour ; mais luy, avec beaucoup d’occasion, se plaindra de vostre amour, puis qu’au premier rapport, à la premiere opinion que l’on vous a donnée, vous avez chassé de vous l‘amitié que vous lui portiez, sans que vous le puissiez taxer d’avoir manqué à son affection. Excusez-moy, madame, si je vous parle ainsi franchement, vous avez tout le tort du monde de le traitter de ceste façon. Pour le moins, si vous le vouliez condamner à tant de supplice, ce ne devoit estre sans le convaincre ou pour le moins le faire rougir son erreur.

Elle demeura quelque temps à me respondre. En fin elle me dit : Et bien, Leonide, le remede sera encor assez à temps quand il reviendra, non pas que je sois resolue de l’aimer, ny luy permettre de m’aimer, mais ouy bien de luy dire en quoy il a failly, et en cela je vous contenteray, et je l‘obligeray de ne me plus importuner, s’il n’est autant effronté que temeraire. – Peut-estre, madame, luy dis-je, vous trompez vous bien de croire qu’à son retour il sera assez temps. Si vous sçaviez quelles sont les violences d’amour, vous ne croiriez pas que les delais fussent semblables à ceux des autres affaires. Pour le moins, voyez cette lettre. – Cela, me replique-t’elle, ne servira de rien, car aussi bien doit-il estre party. Et à ce mot elle me la prit, et vit qu’elle estoit telle.

Lettre de Lindamor à Galathée

Autrefois l’amour, à ceste heure le desespoir de l’amour, me met ceste plume en la main, avec dessein, si elle ne m’en r’apporte point de soulagemens, de la changer en fer , qui me promet une entiere quoy que cruelle guerison. Ce papier blanc, que pour response vous m’avez envoyé, est bien un tesmoignage de mon innocence, puis que c’est à dire que vous n’avez rien trouvé pour m’accuser, mais ce m’est