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mettre au lict, d’où elle ne sortit de plusieurs jours. Fleurial en fin voyant Lindamor party, print la hardiesse de la venir trouver en sa chambre.

Et faut que j’advoue la vérité : parce que je voulois mal à Polemas, je fis ce que je peus pour rapiecer ceste affection de Lindamor, et pour ce sujet je donnay commodité d’entere à Fleurial. Si Galathée fut surprise, jugez-le, car elle attendoit toute autre chose plustost que celle-là ; toutesfois elle fut contrainte de feindre et prendre ce qu’il luy presenta, qui n’estoit que des fleurs en apparence. Je voulus me trouver dans la chambre, afin d’estre du conseil, et pouvoir rapporter quelque chose pour le contentement du pauvre Lindamor.

Et certes je ne luy fus point du tout inutile, car apres que Fleurial fut party, et que Galathée se vid seule, elle m’appella et me dit qu’elle pensoit estre exempte de l’importunité des lettres de Lindamor, quand il seroy party, mais à ce qu’elle voyoit il n’y avoit rien qui l’en peust garantir. Moy qui voulois servir Lindamor, quoy qu’il n’en sceust rien, voyant la nymphe en humeur de me parler de luy, j’en voulus faire la froide, sçachant que de la contrarier d’abord c’estoit la perdre du tout, et que de luy advouer ce qu’elle me diroit seroit la mieux punir. Car encore qu’elle fust mal satisfaite de luy, si est-ce qu’encor l’amour estoit le plus fort, et qu’en elle-mesme elle eust voulu que j’eusse tenu le party de Lindamor, non pas pour me ceder, mais pour avoir plus d’occasion de parler de luy, et mettre hors de son ame sa colere, si bien qu’ayant toutes ces considerations devant les yeux, je me teus lors qu’elle m’en parla la premiere fois. Elle qui ne vouloit pas ce silence, adjousta : Mais que vous semble, Leonide, de l’outrecuidance de cet homme ? – Madame, luy dis-je, je ne sçay que vous en dire, sinon que s’il a failly, il en fera