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vous oblige de me dire. – Quoy que ce puisse estre, repliqua Polemas, puis que nostre amitié m’y oblige, vous devez croire que je vous respondray avec la mesme franchise que vous sçauriez desirer. – C’est, adjousta Lindamor, qu’apres avoir servy quelque temps Galathée, selon que j’y estois obligé par l’ordonnance de Clidaman, en fin j’ay esté contraint de le faire par celle de l’amour ; car il est tout vray qu’apres l’avoir long-temps servie par la disposition de la fortune, qui me donna à elle, ses mérites m’ont depuis tellement acquis, que ma volonté a ratifié ce don, avec tant d’affection, que de m’en retirer ce seroit autant deffaut de courage, que c’est maintenant outrecuidance de dire que j’ose l’aimer. Toutesfois l’amitié qui est entre vous et moy estant contractée de plus longue main que cest amour, me donne assez de resolution pour vous dire, que si vous l’aimez, et avez quelque pretention en elle, j’espere encor avoir tant de puissance sur moy, que je m’en retieray, et donneray cognoissance que l’amour en moy, est moins que l’amitié, ou pour le moins que les folies de l’un cedent aux sagesses de l’autre. Dites moy donc franchement ce que vous avez en l’ame, à fin que vostre amitié, ny la mienne, ne se puissent plaindre de nos actions. Ce que je vous en dy, n’est pas pour descouvrir ce qui est de vos secrettes intentions, puis que vous ouvrant les miennes, vous ne devez craindre que je sçache les vostres, outre que les loix de l’amitié vous commandent de ne me les celer pas, veu que non point la curiosité, mais le désir de la conservation de nostre bien-vueillance, me fait le vous demander.

Lindamor parloit à Polemas avec la mesme franchise que doit un amy ; pauvre et ignorant amant qui croyoit qu’en amour il s’en peust trouver ! Au contraire, le dissimulé Polemas luy respondit : Lindamor, ceste belle nymphe de qui vous parlez est digne d’estre servie de tout l’univers, mais