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qui n’y avoit point encor pensé à bon escient, s’offensa de ce discours, et recent si mal ses paroles, qu’elles luy rendirent celles de Lindamor d’autant plus agreables qu’il luy sembloit en cela se venger de ce soupçonneux.

Ce qui m’en fait parler ainsi, c’est que nul ne le peut mieux sçavoir que moy qui semble avoir esté destinée pour ouyr toutes ses amours ; car soudain que nous fusmes retirées, et que Galathée fut dans le lict, elle me commanda de demeurer au chevet pour luy tenir la bougie. C’estoit lors qu’elle lisoit les depesches qui luy venoient, et mesme celles qui estoient d’importance : ce soir, elle en fit le semblant, pour donner occasion aux nymphes de la laisser seule. Et quand elles furent toutes sorties, elle me commanda de fermer la porte, puis me fit asseoir sur le pied du lict, et apres avoir un peu sousry, elle me dit : Encor faut-il, Leonide, que vous riez de la gratieuse rencontre qui m’est advenue au bal. Vous sçavez qu’il y a des-jà quelque temps que Polemas a pris volonté de me servir, car je ne le vous ay point celé. Et d’autant qu’il me sembloit qu’il vivoit envers moy avec tant d’honneur et de respect, il ne faut point en mentir, son service ne m’a point esté des agreable, et je l’ay receu avec un peu plus de bonne volonté, que des autres de ceste cour, non toutesfois qu’il y ait eu aucun amour de mon costé. Je ne veux pas dire, que peut-estre, comme l’amour flatte tousjours ses malades d’esperance, il ne se soit figuré ce qu’il a desiré ; mais la verité est que je n’ay jamais encores jugé qu’il eust pour moy quelque chose capable de m’en donner. Je ne sçay ce qui pourroit advenir, et m’en remets à ce qui en sera, mais pour ce qui est jusques icy, il n’y a aucune apparence.

Or Polemas qui a veu que j’oyois ce qu’il me vouloit dire, et que je l’escoutois avec patience, rendu d’autant plus hardy, qu’il ne remarquoit