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voila en queste de leur logis, et tournay tant d’un costé et d’autre, qu’en fin je les recontray, qu’elles s’estoient de fortune mises ensemble.

Par bonne rencontre, le lendemain estoit la grande feste de Venus. Et parce que, suivant la costume, le jour avant la solemnité, les filles chantent dans le temple les hymnes qui sont faits à l’honneur de la déesse, et qu’elles y font la veillée jusques à minuict, j’ouys prendre resolution à la belle-mere d’Aimée d’y passer la nuict, comme les autres, afin de mieux rendre son voeu. Floriante, à la secrette requeste d’Aymée, promit d’en faire de mesme ; et d’autant que l’on y demeuroit en fort grande liberté, je fis dessein, sans en parler, d’y entrer aussi, feignant d’estre fille, lors qu’il seroit bien obscur. Mais sçachant que les druides estoient eux-mêmes aux portes, depuis qu’il commençoit à se faire tard, je me resolus de m’y cacher long temps auparavant. Et de faict m’estant mis en un recoin, le moins frequenté, et le plus obscure, j’y demeuray qu’il estoit plus de neuf ou dix heures du soir. Desja le temple estoit fermé, et n’y avoit d’hommes que moy, si ce n’est qu’il y en eust quelqu’autre aussi curieux que j’estois, et desja les hymnes avoient long temps continué, lors que je sortis de ma cachette. Et parce que le temple estoit fort grand, et qu’il n’y avoit clarté que celle que quelques flambeaux allumez sur l’autel pouvoient donner à l’entour, je me mis aysément entre les filles, sans qu’elles me recogneussent. Et lors que j’allois cherchant de l’oeil l’endroit où estoit Aymée, je veis porter une petite bougie à und jeune fille, qui se levant, s’approcha de l’autel, et apres avoir fait quelques ceremonies, se mit à chanter quelques couplets, ausquels quelques ceremonies, se mit à chanter quelques couplets, ausquels sur la fin toute la trouppe respondit. Je ne sçay si ce fut ceste clarté blafarde [car quelquefois elle