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parla de ceste sorte : Mon fils (car comme tel je vous, ay tousjours aimé, despuis que la rigueur de la guerre vous remit en mes mains) je ne vous croy point si mecognoissant de ce que j’ay fait pour vous, que vous puissiez douter de ma bonne volonté ; toutesfois si le soin que j’ay eu de faire instruire vostre jeunesse, ne vous a donné assez de cognoissance, je veux que vous l’ayez par ce que je desire de faire pour vous. Vous sçavez que mon fils Azahyde, qui fut celuy qui vous prit, et amena chez moy, a une fille que j’aime autant que moy mesme, et parce que je fais estat de passer le peu de jours, qui me restent, en repos et tranquillité, je fay dessein de vous marier avec elle, et vous donner si bonne part de mon bien, que je puisse vivre avec vous autant qu’il plaira aux dieux. Et ne croyez point que j’aye fait ce dessein à la volée, car il y a long temps que j’y prepare toute chose. En premier lieu, j’ay voulu recognoistre quelle estoit vostre humeur, cependant que vous estiez enfant, pour juger si vous pourriez compatir avec moy, d’autant qu’en un tel aage on n’a point encore d’artifice, et ainsi on void à nud toutes les affections d’une ame. Et vous trouvant tel que j’eusse voulu qu’Azahide eust esté, je pensay d’establir le repos de mes derniers jours sur vous, et pour cet effect, je vous envoyay aux estudes, sçachant bien qu’il n’y a rien qui rende une ame plus capable de la raison que la cognoissance des choses. Et cependant que vous avez esté loing de ma presence, j’ay tellement disposé ma petite fille à vous espouser, que pour me complaire, elle le desire presque autant que moy. Il est vray, qu’elle voudrait bien sçavoir qui, et d’où vous estes, et pour luy satisfaire je me suis enquis d’Azahide plusieurs fois, en quel lieu il vous prit. Mais il m’a tousjours dit qu’il n’en sçavoit autre chose, sinon que c’estoit