car vous estes obligé de nous dire qui vous estes et quelle occasion vous a conduit en ceste contrée, puis qu’il y a desja si long temps que vous estes icy, et nous n’avons peu en sçavoir encore que fort peu.
Leonide, qui avoit ceste mesme volonté, prenant la parole : Sans mentir, dit-elle, Phillis, vous n’avez point encor monstre plus de prudence qu’en ceste proposition ; car en mesme temps vous avez mis Diane, et moy, hors d’une grande peine : Diane, pour l’incommodité que vous luy donniez, empeschant que Silvandre ne l’aidast à marcher, et moy, pour le desir que j’avois de le cognoistre plus particulierement. – Je voudrois bien, respondit le berger en souspirant, vous pouvoir bien satisfaire en ceste curiosité, mais la fortune me le refuse tellement, que je puis dire que j’en suis et plus desireux, et presque autant ignorant que vous ; car il luy plaist de m’avoir faist naistre, et me faire sçavoir que je vis, en me cachant toute autre cognoissance de moy. Et afin que vous ne croyez que je ne yueille satisfaire à ma promesse, je vous jure par Theutates, et par les beautez de Diane, dit-il, se tournant vers Phillis, que je vous diray veritablement tout ce que j’en sçay.
Histoire de Silvandre
Lors qu’AEtius fut fait Lieutenant general en Gaule de l’Empereur Valentinian, il trouva fort dangereux pour les Romains que Gondioch, premier roy des Bourguignons, en possedast la plus grande partie, et se resolut de l’en chasser, et le renvoyer delà le Rhin, d’où il estoit venu peu auparavant, lors que Stilico, pour le bon service qu’il avoit fait aux Romains, contre le Goth Radagryse, luy donna les anciennes provinces des Authunois, des Sequanois, et des Allobroges, que dés lors de leur nom ils nommerent Bourgongne. Et, sans