telle response par la bouche d’Arontine.
Oracle
Sur les bords où Lignon paisiblement serpente,
Amans, vous trouverez un curieux berger,
Qui premier s’enquerra du mal qui vous tourmente,
Croyez-le : car le Ciel l’eslit pour vous juger.
Et quoy qu’il y ait des-ja long temps que nous sommes icy, si est-ce que vous estes le premier qui nous avez demandé l’estat de nostre fortune. C’est pourquoy nous nous jettons entre vos bras, et vous requerons d’ordonner ce que nous avons à faire. Et à fin que rien ne se fist que par la volonté du dieu, la vieille qui nous rendit cet oracle, nous dit que vous ayant rencontré, nous eussions à jetter au sort qui seroit celuy qui maintiendroit la cause de l’un et de l’autre, et que pour cet effet, tous ceux qui s’y rencontreroient, eussent à mettre un gage entre vos mains dans un chapeau. Le premier qui en sortiroit, seroit celuy qui parleroit pour Laonice, et le dernier de tous pour moy. A ce mot il les pria tous de le vouloir : à qouy chacun ayant consenty, de fortune celuy de Hylas fut le premier, et celuy de Phillis le dernier. Dequoy Hylas se sousriant : Autrefois, dit-il, que j’estois serviteur de Laonice, j’eusse mal-aisément voulu persuader à Tircis de l’aimer ; mais à cette heure que je ne suis que pour Madonthe, je veux bien obéir à ce que le dieu me commande. – Berger, repondit Leonide, vous devez cognoistre par là, quelle est la providence de ceste divinité, puis que pour esmouvoir quelqu’un à changer d`affection, il en donne charge à l’inconstant Hylas, comme à celuy qui par l’usage en doit bien sçavoir les moyens ; et pour continuer une fidelle amitié