es,
Qui de beauté voulez le prix,
Arrester mes legers esprits,
Par des faveurs et des caresses :
Car celle qui m’arrestera,
Beaucoup plus d’honneur en aura.
Leonide en souriant contre Silvandre, luy dit, que ce berger n’estoit pas de ces trompeurs qui dissimulent leurs imperfections, puis qu’il les alloit chantant. – C’est parce, respondit Silvandre, qu’il ne croit pas que ce soit vice, et qu’il en fait gloire. A ce mot, ils arriverent si pres, que pour leur rendre leur salut, la nymphe, et le berger furent contraints d’interrompre leurs propos. Et parce que Silvandre avoit bonne memoire de ce que la nymphe luy avoit demandé de l’estat de ces bergers, aussi tost que les premieres paroles de la civilité furent parachevées : Mais Tircis, dit Silvandre, car tel estoit le nom du berger, si ce ne vous est importunité, dittes-nous le sujet qui vous a fait venir en ceste contrée de Forestz, et qui vous y retient ? Tircis alors mettant le genouil en terre, et levant les yeux, et les mains en haut : O bonté infinie ! dit-il, qui par ta prevoyance gouvernes tout l’Univers, sois-tu louée à jamais de celle qu’il t’a pleu avoir de moy. Et puis se relevant, avec beaucoup d’estonnement de la nymphe, et de cette trouppe, il respondit à Silvandre : Gentil berger, vous me demandez que c’est qui m’ameine et me retient en ceste contrée ? Sçachez que ce n’est autre que vous, et que c’est vous seul que j’ay si longuement cherché. – Moy ? respondit Silvandre, et comment peut-il estre, puis que je n’ay point de cognoissance de vous ? – C’est en partie, respondit-il, pour cela, que je vous cherche. – Et s’il est ainsi, repliqua Silvandre, il y a desja long temps que vous estes parmy nous, que veut dire que vous ne m’en avez parlé ? – Parce, respondit