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m’en remercier, me baisa la main avec tant d’affection, que si je l’eusse tant soit peu soupçonné, j’eusse bien recogneu que veritablement il y avoit de l’amour. Apres, leur ayant donné le bon jour, je r’amenay Amidor avec moy, à fin qu’ils eussent le loisir de s’habiller. Et parce qu’ils avoient dessein de parachever ce qu’ils avoient proposé, incontinent apres disner que nous fusmes retirez comme de coustume sous quelques arbres, pour jouir du frais, encor qu’Amidor y fust, Daphnis jugea que l’occasion estoit bonne, estant bien aise que ce fust mesme en sa presence, pour luy en oster son soupçon, et que si à l’advenir il l’oyoit par mesgarde parler quelquefois en homme, il ne le trouvast point estrange, faisant donc signe à Filandre, à fin qu’il aydast à son dessein, elle luy dit : Et qu’est-ce, Callirée, qui vous peut rendre muette en la presence de Diane ? – C’est, respondit-il, que j’allois en moy-mesme faisant plusieurs souhaits, pour la volonté que j’ay de faire service à ma maistresse, et entre autres un, que je n’eusse jamais pensé devoir desirer ? – Et quel est-il ? interrompit Amidor. – C’est, continua Filandre, que je voudrois estre homme pour rendre plus de service à Diane. – Et comment, adjousta Daphnis, estes-vous amoureuse d’elle ? – Plus, respondit Filandre, que ne le sçauroit estre tout le reste de l’univers. – J’aime donc mieux, dit Amidor, que vous soyez fille, tant pour mon advantage, que pour celuy de Filidas. – La consideration de l’un, ny de l’autre, repliqua Filandre, ne me fera pas changer de desir. – Et quoy, adjousta Daphnis, auriez-vous opinion que Diane vous aimast d’avantage ? – Je le devrois ainsi esperer, dit Filandre, par les loix de nature, si ce n’est que, comme en sa beauté, elle en outrepasse les forces, qu’en son