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difficile. – Vraiment, ma sœur, respondit Filandre, je n’ay jamais doubté de vostre bon naturel mais à ceste heure il faut que j’advoue, qu’il n’y eut jamais une meilleure sœur. Et puis qu’il vous plaist de prendre ceste peine, je vous supplie, si je la reçois, d’accuser mon amour qui m’y force, et de croire que c’est le seul moyen de conserver la vie à ce frere que vous aymez.

Et lors il l’embrassa avec tant de recognoissance de l’obligation qu’il luy avoit, qu’elle devint plus desireuse de l’y servir, qu’elle n’estoit auparavant. En fin elle luy dit : Mon frere, laissons toutes ces paroles pour d’autres qui s’aiment moins, et voyons seulement de mettre la main à l’œuvre. Pour le congé, dit-il, nous l’obtiendrons aisément, feignans que toute la bonne chere qui m’a esté faicte chez Filidas, n’a esté que pour l’intention qu’Amidor a de rechercher la niepce de vostre mary. Et parce que ceste charge luy ennuye, je m’asseure qu’il sera bien aise que vous y alliez, luy faisant entendre que vous et Daphnis ensemble pourriez aisément traitter ce mariage. Mais quel ordre mettrons-nous en nos cheveux ?car les vostres trop longs, et les miens trop courts, nous r’apporteront bien de l’incommodité. – Ne vous souciez de cela, luy dit-elle, pour peu que vous laissiez croistre les vostres, ils seront assez grands pour les coiffer comme moy, et quant aux miens, je les couperay comme les vostres. – Mais, luy dit-il, ma sœur, ne plaindrez-vous point vostre poil ?– Mon frere, luy repliqua-t’elle, ne croyez point que j’aye rien de plus cher que vostre contentement, outre que j’eviteray tant d’importunitez, cependant que vous porterez mes habits, ne couchant point aupres de Gerestan ; que s’il falloit avoir mon poil, ma peau encores, je ne ferois point de difficulté de la coupper.

A ce mot il l’embrassa, luy disant que