de tels mots : Gentil berger, s’il est vray que vous soyez ce Lvsis, qui autrefois m’a tant affectionnée, je vous conjure par le souvenir d’une saison si heureuse pour moy, de vouloir m’escouter en particulier. Et croyez que si vous avez eu quelque occasion de vous plaindre, je vous feray paroistre, que ceste seconde faute, ou pour le moins que vous estimez telle, n’a esté commise que pour remedier à la premiere. A ces paroles Lysis fut vaincu ; toutesfois pour ne se montrer si foible, il luy respondit : Voyez vous, Stelle, combien vous estes esloignée de vostre opinion, tant s’en faut que je voulusse faire quelque chose qui vous pleust, qu’il n’y a rien qui vous desplaise que je ne tasche de faire. – Puis qu’il n’y a point d’autre moyen, respondit la bergère, revenez donc dans la maison pour me desplaire. – Avec ceste intention, respondit-il, je le veux.
Ainsi donc ils r’entrerent chez elle, et lors qu’ils furent près du feu, elle reprit la parole de ceste sorte : En fin, berger, il est impossible que je vive plus longuement avec vous, et que je dissimule. Il faut que j’oste du tout le masque à mes actions, et vous cognoistrez que ceste pauvre Stelle, que vous avez tant estimée volage, est plus constante que vous ne pensez pas, et veux seulement, quand vous le cognoistrez ainsi, que pour satisfaction des outrages que vous m’avez faits, vous confessiez librement que vous m avez outragée. Mais, dit-elle soudain, interrompant ce propos, qu avez-vous fait de la promesse qu’autrefois vous avez eue de moy en faveur de Corilas ? car si vous la luy avez donnée, cela seul peut interrompre nos affaires.
Qui est-ce qui, en la place de Lysis, n’eust creu qu’elle l’aimait et qui ne se fust laissé tromper comme luy ? Aussi ce berger, ayant opinion qu’elle vouloit faire pour luy ce qu elle m’avoit refusé, luv rendit sans difficulté ceste promesse qu il avoit tousjours tenue et fort chere et fort secrette. Soudam