Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ny moy non plus m’en souvenir.

Stelle

Que c’est de ne sçvoir aymer,
Et se figurer le contraire

corilas

pourquoy me voulez-vous blasmer,
de ce que vous ne sçavez faire ?
vous aimez par opinion,
et non pas par élection.

stelle

je vous aime, et vous aimeray,
quoy que vostre amour soit changée.

corilas

moy, jamais je ne changeray
celle où mon ame est engagée :
ne croyez point qu’ à chaque jour
je change comme vous d’amour.

stelle

vous estes doncques resolu
de suivre une amitié nouvelle ?

corilas

si quelquefois vous m’avez pleu,
je vous jugeois estre plus belle ;
j’ay depuis veu la verité,
vous avez trop peu de beauté.

stelle

infidelle ! vous destuisez
une amitié qui fut si grande !

corilas

de vostre erreur vous m’accusez ,
le battu paye ainsi l’amende ;
Mais dites ce qu’il vous plaira,
Ce qui fut, jamais ne sera.

Stelle

Mais quoy, vous m’aimiez en effet,