de moy. – Et vous, dit Corilas, d’estranges effets en vous. – O dieux ! dit la bergere, quel homme ay-je trouvé en vous ? – C’est moy, respondit le berger, qui puis dire avec beaucoup plus de raison, en vous rencontrant, Stelle, quelle femme ay-je trouvée ? Car y a-t’il rien qui soit plus incapable d’amitié que vous ? vous, dis je, qui ne vous plaisez qu’à tromper ceux qui se fient en vous, et qui imitez le chasseur, qui poursuit avec tant de soing la beste, dont apres il donne curée a ses chiens. – Vous avez, dit-elle, si peu de raison en ce que vous dites, que celuy en aurait encore moins, qui s’arresteroit à vous respondre. – Pleust à Dieu, dit le berger, que j’en eusse tousjours eu autant en mon ame, ceste heure j’en ay en mes paroles, je n’aurois pas le regret qui m’afflige.
Et apres s’estre l’un et l’autre teus pour quelque temps, elle releva sa voir, et chantant, luy parla de ceste sorte ; et luy de mesme, pour ne demeurer sans response, luy alloit repliquant.
Dialogue de Stelle et Corilas Stelle
Voudriez vous estre, mon berger,
A faute d’amour infidelle ?
Corilas
Pour suivre vostre esprit leger,
Il faut plustost une bonne aisle,
Que non pas un courage haut,
Mais vous suivre, c’est un deffaut.
Stelle
Vous n’avez pas tousjours pensé,
Que m’aimé fust erreur si grande.
Corilas
Ne parlons plus du temps passé,
Celuy vit mal qui ne s’amende,
Le passé ne peut revenir,