qu’elle ne trouvast pas estrange mon depart, si de fortune elle revenoit me chercher pour quelque autre curiosité. Car ayant fait envers elle ce que nous avions resolu, ma plus grande haste estoit de m’en aller pour n’estre recogneu de quelque druyde, qui m’eust fait chastier, et vous sçavez bien que ç’a tousjours esté là toute ma crainte : vous semble-t’il que j’y aye oublié quelque chose ? – Non certes, dit alors Polemas, mais que peut-ce estre ce qui l’a des-ja retardée si long-temps ? – Quant à moy, dit Climanthe, je ne le puis sçavoir, si ce n’est qu’elle n’ait pas bien conté les jours de la lune. Mais puis que rien ne vous presse, et que vous pouvez encor vous retrouver icy au temps que je luy ay donné, je suis d’advis que vous le fassiez, et que tous les matins, deux jours avant et apres, vous ne manquiez point d’aller là à bonne heure ; car il est tout vray, que le premier jour nous y fusmes un peu trop tard. – Et que voulez-vous, respondit Polemas, que j’y fasse ? Ce fut la perte de ce berger qui se noya, qui en, fut cause, et vous sçavez bien que le bord de la riviere estoit si plein de personnes, que je n’eusse peu demeurer là seul sans soupçon. Mais si ne retardasmes-nous pas beaucoup, et n’y a pas apparence qu’elle y fust ce jour là ; car je m’asseure que la mesme occasion qui m’empescha, l’aura aussi fait retarder, pour n’estre point veue. – Ne vous persuadez point cela, repliqua Climanthe, elle estoit trop desireuse d’observer ce que je luy avois ordonné. Mais il me semble qu’il seroit temps de se lever, afin que vous partissiez.
Et lors, ouvrant les fenestres, il vid poindre le jour. Sans doute, luy dit-il, avant que vous soyez au lieu où vous devez estre, l’heure sera passée ; hastez-vous, car il vaut mieux en toutes choses avoir plusieurs heures de reste, qu’un moment de moins. – Et voulez-vous, luy dit Polemas, que nous y allions encore ? pensez-vous qu’elle y