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quand le temps, et vos services me les auront dittes, aussi bien que vostre bouche. Voilà la premiere declaration d’amitié que vous eustes de luy, de laquelle il vous rendit par apres assez de preuves, tant par la recherche qu’il fit pour vous espouser, que par les querelles qu’il prit contre plusieurs, desquels il estoit jaloux. Ce fut en ce temps que voulant vous friser les cheveux, vous vous bruslates la joue, sur quoy il fit tels vers.

Chanson d’Agis


Sur la bruslure de la joue de Leonide.

Cependant que l’Amour se jouë
Dedans l’or de vos beaux cheveux,
Une estincelle de ses feux
Par mal’heur vous touche la jouë

Par là jugez, nymphe cruelle,
Combien en est le feu cuisant,
Puis que ceste seule estincelle
Tant de douleur va produisant.

Cependant que vostre œil eslance,
Encores qu’il en fust vainqueur,
Tant de flammes contre mon cœur,
L’une la joue vous offense.

Par là jugez, nymphe cruelle,
Combien en est le feu cuisant,
Puis que ceste seule estincelle
Tant de douleur va produisant.

Cependant que mon cœur en flame
Vouloit son ardeur vous lancer,
Son feu qui ne pût y passer,
Brusla la jouë au lieu de l’ame.

Par là jugez, nymphe cruelle,
Combien en est le feu cuisant,
Puis que ceste seule estincelle