entr’elles fort estonnées, et Phillis ne peut s’empescher de sousrire, et Diane luy demandant la raison : C’est parce, dit-elle, que vous nous avez dit une histoire, que nous ne sçavions pas. Et pour moy, je ne sçaurois m’imaginer qui ce peut estre ; car pour Olimpe, elle ne se fut point tant hazardée, et faut par necessité que ce soit autre qu’une bergere, y ayant un si grand appareil. – En verité, respondit Diane, je prenois cest honneste homme pour Lycidas, la vieille pour la mere de Celadon, et la fille de chambre pour vous, et jugeois que vous vous fussiez ainsi deguisées, pour n’estre recogneues. – Si vous asseureray-je, reprit Astrée, que ce n’est point Olimpe, car Phillis n’y usa d’autre artifice que de la faire venir en sa maison. Et de fortune sa mere Artemis estoit pour lors allée sur les rives d’Allier ; et parce qu’Olimpe estoit entre les mains d’Amarillis, il fallut qu’elle feignist d’estre malade, ce qui luy fut fort aysé, à cause du mal qu’elle avoit desja. Et apres avoir trainé quelque temps, elle fit elle mesme à la mere de Celadon, que le changement d’air luy r’apporteroit peut-estre du soulagement, et qu’elle s’asseuroit que Phillis seroit bien aise de la retirer chez elle. Amarillis qui se sentoit chargée de sa maladie, fut bien aise de ceste resolution, et ainsi Phillis la vint querir ; et lors que le terme approcha, Lycidas alla prendre la sage femme, et luy banda les yeux, à fin qu’elle ne recogneut point le chemin, mais quand elle fut arrivée, il luy les débanda, sçachant bien qu’elle ne cognoistroit pas Olimpe, comme ne l’ayant jamais veue auparavant. Voilà tout l’artifice qui y fut fait, et soudain qu’elle fut bien remise, elle s’en alla chez elle.
Et nous a-t’on dit depuis, qu’elle usa d’un bien plaisant artifice pour faire nourrir sa fille ; car aussi tost qu’elle fut arrivée, elle aposta une folle femme, qui feignant