Page:Urfé - L’Astrée, Première partie, 1631.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce les sont, respondit Astrée, et parce que je n’ay jamais voulu faire semblant qu’il y eust quelque chose qui me touchast, je ne les ay osé demander. – Ne vous en mettez point en peine, repliqua Diane, car demain je vous en donneray une coppie. Et apres qu’Astrée l’en eut remerciée, elle continua : Or durant cest esloignement, Olimpe, fille du berger Lupeandre, demeurant sur les confins de Forests, du costé de la riviere de Furan, vint avec sa mere en nostre hameau ; et parce que ceste bonne vieille aymoit fort Amarillis, comme ayant de jeunesse esté nouries ensemble, elle la vint visiter. Ceste jeune bergere n’estoit pas si belle qu’elle estoit affettée, et avoit si bonne opinion d’elle mesme, qu’il luy sembloit que tous les bergers qui la regardoient, en estoient amoureux, qui est une regle infaillible pour toutes celles qui s’affectionnent aisément. Cela fut cause qu’aussi tost qu’elle fut arrivée dans la maison d’Alcippe, elle commença de s’embesongner de Lycidas, ayant opinion que la civilité dont il usoit envers elle, procedast d’amour ; soudain que le berger s’en apperceut, il nous le vint dire, pour sçavoir comme il avoit à s’y conduire. Nous fusmes d’avis, afin de mieux couvrir l’affection qu’il portoit à Phillis, qu’il maintint Olimpe en ceste opinion. Et peu apres il advint par mal-heur qu’Artemis eut quelque affaire sur les rives d’Allier, où elle emmena avec Phillis, quelque artifice que nous sceussions inventer pour la retenir. Durant cest esloignement, qui peut estre de six à sept lunes, la mere d’Olimpe s’en retourna, et laissa sa fille entre les mains d’Amarillis, en intention que Lycidas l’espouseroit, jugeant selon ce qu’elle en voyoit, qu’il l’aimoit desja beaucoup ; et parce que c’estoit un party advantageux