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attendu Adamas chez luy, où elle ne fit que se reposer environ une demie heure, parce que n’estant accoustumée à ce travail, elle le trouvoit fort difficile, et lors qu’il luy sembla de s’estre assez rafraischie, elle partit seule comme elle y estoit venue. Mais à peine avoit-elle fait une lieue qu’elle vid venir de loin par le mesme chemin qu’elle avoit fait, une nymphe toute seule, que peu apres elle cogneut pour estre Silvie. Ceste rencontre ne luy donna pas un petit sursaut, coyant qu’elle luy vint annoncer la mort de Celadon, mais ce fut tout au contraire ; car elle sceut par elle, que depuis son depart il avoit fort bien reposé, et qu’à son resveil il s’estoit trouvé sans fievre, qu’à ceste occasion Galathée l’avoit fait incontinent partir pour la r’attraper, afin de l’en advertir, et de luy dire que le berger estant en si bon estat, il n’estoit pas de besoin d’amener Adamas, ny de luy découvrir leurs affaires.

Il seroit bien mal-aisé de representer quel fut le contentement de Leonide, oyant la guerison du berger qu’elle aymoit. Et apres en avoir loué Dieu, elle dit à sa compagne : Puis, ma soeur, que je recognois, suivant les discours que vous me tenez, que Galathée ne vous a point celé le dessein qu’elle a touchant ce berger, il faut que je vous en parle franchement, et que je vous die, que ceste sorte de vie me deplaist infiniment, et que je la trouve fort honteuse, et pour elle, et pour nous. Car elle en est tellement passionnée, que quelque mespris que ce berger fasse d’elle, elle ne s’en peut distraire, et a tellement devant les yeux les predictions d’un certain druyde, qu’elle croit tout son bon heur dependre de cest amour, et c’est le bon, que suivant l’humeur des amans, elle juge Celadon tant aimable, qu’elle croit chacun le devoir aimer autant qu’elle, comme si tous le voyoient de ses mesmes yeux. Et c’est là mon grief : car elle est devenue si jalouse