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prudent AEtius traittoit un accord avec Meroüée et ses Francs [car tels nomme-t’il tous ceux qui le suivent] pour resister à ce fleau de Dieu Attila, roy des Huns, qui ayant r’amassée par les deserts de l’Asie, un nombre incroyable de gens, jusques à cinq cents mille combattans, descendit comme un deluge, ravageant furieusement tous les pays par où il passoit. Et encor que c’est AEtius Lieutenant general en Gaule de Valentinian, fut venu en deliberation de faire la guerre à Meroüée, qui durant le gouvernement de Castinus s’estoit saisi d’une partie de la Gaule, si luy sembla-t’il meilleur de se le rendre amy, et les Visigots, et les Bourguignons, avant que d’estre deffait par Attila, qui desja ayant traversé la Germanie, estoit sur les bords du Rhin, où il ne demeura long temps sans s’avancer tellement en Gaule qu’il assiegea la ville d’Orleans, d’où la survenue de Thierry roy des Visigots luy fit lever le siege, et prendre autre chemin. Mais attaint par Meroüée, et AEtius avec leurs confederez, aux champs Cathalauniques, il fut deffaict, plus par la vaillance des Francs, et la prudence de Meroüée, que de toute autre force. Depuis AEtius ayant esté tué, peut-estre par le commandement de son maistre, pour quelque mescontentement, Meroüée fut receu à Paris, Orleans, Sens, et aux villes voisines, pour seigneur et pour roy ; et tou ce peuple luy a depuis porté tant d’affection, que non seulement il veut estre à luy, mais se fait nommer du nom des Francs, pour luy estre plus agreable, et leur paIs au lieu de Gaule prend le nom de France.

Cependant que j’estoit ainsi entre les armes des Francs, des Gaulois, des Romains, des Bourguignons, des Visigots, et des Huns, mon frere estoit entre celles d’amour. Armes d’autant plus offensives, qu’elles n’adressent toutes leurs playes qu’au cœur ! Son desastre fut tel [si toutefois à ceste