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LA REVUE

optimistes, il ne faut pas se dissimuler que le travail à accomplir est autrement important et formidable. Le chifre total des notices qui devraient, à l’heure actuelle, constituer le double catalogue alphabétique et méthodique du Répertoire Bibliographique Universel, se monte environ à 53.000.000. Si la productivité de l’Office International de Bibliographie pouvait se maintenir à une incorporation d’un million de fiches par an, il faut estimer à 90 années environ le temps nécessaire à l’achèvement de l’œuvre poursuivie et à sa tenue à jour. Seulement, la revision approfondie des notices, la correction des erreurs si fréquentes dans le relèvement des noms des auteurs et des titres, exigeront un travail supplémentaire considérable dont il est malaisé de calculer la durée avec exactitude. Il sera indispensable de confier ce travail de revision à des spécialistes, et il faudra, non seulement pour les rémunérer des ressources importantes, mais encore leur assurer des délais indispensables. Nous pensons qu’il n’y a aucune exagération à évaluer à un siècle, la période nécessaire pour terminer le Répertoire Bibliographique Universel dans les conditions où sa confection se poursuit actuellement.

Il serait pourtant facile d’assurer l’achèvement rapide de l’œuvre entreprise : il suffirait de mettre, à la disposition de ceux qui la dirigent, les ressources nécessaires pour décupler ou vingtupler leur effort. Il serait possible, avec des sacrifices relativement minimes, de terminer en dix années, le gros œuvre de la vaste entreprise. Le but le plus immédiat, qu’il serait désirable d’atteindre, c’est de parfaire le manuscrit du Répertoire Bibliographique Universel et de posséder enfin l’inventaire complet de tout ce que la pensée humaine a produit sous une forme écrite. Ce manuscrit, il serait aisé d’en multiplier ultérieurement les exemplaires, sans devoir recourir au procédé onéreux de l’impression. L’impression de fiches est, en effet, non seulement d’un prix fort élevé, mais l’accumulation du stock des fiches imprimées, constituerait une sérieuse nuisance. D’autre part, la conservation des clichés, qui serait un moyen d’assurer la réimpression des fiches au fur et à mesure des besoins, soulève, elle aussi, de graves difficultés techniques. La copie directe, par des dactylographes ou des calligraphes, de cinquante millions de fiches environ n’exigerait guère une dépense supérieure à cinq cent mille francs. Une somme égale serait nécessaire pour les meubles indispensables au classement et à la conservation des fiches. C’est donc, moyennant un léger sacrifice,