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Dans notre tableau, l’ordre suivi par le commentateur serait aussi l'ordre dans Î lequel les îles étaient disposées ; en effet, si Philostrate, après avoir invité l'enfant à s'embarquer s'était promené d'île en île sans autre guide que sa fantaisie, n’eût-il pas averti le lecteur ? Puisque les îles sont au nombre de sept et que Philostrate procède avec méthode, c’est la quatrième nommée qui doit occuper la place principale ; or la quatrième, c’est cette île qui vomit des tourbillons de fumée et qui écrase un géant sous son poids. Cette île est flanquée de la troisième et de la cinquième qui ont entre elles des analo- gies frappantes. En effet, si la troisième qui est maintenant composée de deux îles n’en formait qu'une autrefois, c’est qu’elle a été divisée par l’ac- tion du feu; la cinquième est consacrée à Dionysos et Dionysos a une étroite parenté avéc Héphæstos. La seconde qui offre des plaines unies, habitées par des pêcheurs et des laboureurs, fait pendant à la sixième qui, montagneuse et boisée, est chère aux chasseurs et aux bûcherons. Enfin la première, es- carpée et déserte, ne ressemble en rien à la septième qui mérite d’être appelée l'ile dorée, autant pour son magnifique palais que par ses richesses naturelles, ses vignes, ses pâturages, ses sources chaudes et froides.

Les îles sont donc placées à la suite les unes des autres, et elles se répon- dent comme les personnages d’un bas-relief. En outre, à les bien considérer, ce ne sont pas des îles inventées par le caprice d’un artiste ; elles ressemblent beaucoup aux îles Eoliennes. D'abord, comme ces dernières, elles sont au nombre de sept. Parmi lesiles Eoliennes, trois surtout Thérasia appelée plus tard Hiéra Héphæstou, Lipara et Strongilé (Stromboli), lançaient des tour- billons de flammes et de fumée ; or, sur les sept îles représentées par le peintre, trois sont aussi de nature volcanique. La troisième île, qui est for- mée de deux autres, répond à l'île Didyme (île double) qui, suivant Strabon, s'appelait ainsi à cause de sa configuration. En outre, dit Brunn, qui adopte le sentiment de Welcker, les monnaies des îles Lipariennes présentent une tête de Poseidon et un trident; or la seconde île, dans Philostrate, est consa- crée à Poseidon. La caverne du dragon, c’est la grotte du monstre marin que l'on montre à Filicuri (l'ancienne Phœænicusa). La dernière île, celle qui est habitée par un enfant de race royale, c’est celle que l'anonyme de Ravenne désigne sous le nom de Basilidin, et qui s'appelle encore aujourd'hui Basi- luzzo, Le brouillard qui enveloppe l’une desîles, les tourbillons que forment les flots échauffés auprès de la dernière, ce sont là des faits mentionnés par Strabon, à propos des îles Eoliennes (1). Reconnaissez donc dans cette pein- ture, nous dit-on, une de ces espèces de cartes murales, sur lesquelles les anciens, au lieu d'employer nos signes conventionnels, représentaient des villes, des bois, des montagnes. Outre la table de Peutinger et les dessins

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(1) Strabon, VI, p. 276. — Cf. Brunn, Die Philostr. Gem., p. 290, et Jahrb. de Fleckois. 1871, p. 10.