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comme le vent, il défiait à la course des chars tous les prétendants de sa fille Hippodamie, remportait sans peine la victoire, et suivant les conditions mêmes du pari, perçait de sa lance le vaineu. Mais il fut vaincu et tué à son tour par le Lydien Pélops, grâce à une faveur de Poseidon et à la trahison de l’écuyer Myrtilos ; en effet le dieu des mers avait donné à Pélops, pour cette lutte, un char et des chevaux d’origine divine, et Myrtilos, gagné aux amours de Pélops et d’Hippodamie ne mit pas de clavettes aux roues de son char et les remplaca par de la cire.

Suivant les mythologues (1), Œnomaos maître de coursiers fougueux per- sonnifie la mer orageuse ; Hippodamie ou la dompteuse de chevaux serait la déesse de la mer apaisée ; le défi entre Œnomaos et les prétendants symbo- liserait la lutte entre les forces de la nature, lutte qui se termine par le triomphe du calme et de la sérénité à la satisfaction des navigateurs amants d’Hippodamie. Nous ignorons jusqu’à quel point celte interprétation est exacte ; mais si tel est le sens allégorique de celte fable, il semble s’être perdu de bonne heure ; pour l’antiquité, pour les poètes et les artistes, les aventures de Pélops et d’Hippodamie ont un intérèt tout autre ; elles rappel- lent d’abord l’institution des jeux Olympiques si chère à Pise et à toutes les villes de la Grèce, et l’intervention des dieux dans l’histoire locale ; ensuite elles fournissent à l’art le sujet de compositions à la fois gracieuses et pa- thétiques, Pélops demandant à Neptune et recevant le char d’or qui doit lui assurer la victoire ; Œnomaos et Pélops se préparant à la course, le vieux roi tombant de son char et foulé aux pieds de ses chevaux, voilà trois moments principaux dans la légende. L’art a su tirer parti de tous les trois (2) ; nousen trouvons deux parmi les descriptions de Philostrate l’Ancien (3) ; le troisième parmi celles de Philostrate le Jeune. C’est la dernière scène, c’est-à-dire la victoire de Pélops, qui s’offre en premier lieu. Philostrate fait d’Œnomaos un roi d’Arcadie ; suivant Pindare, il était roi de Pise, dans l’Elide. Mais, d’après les anciens, les Arcadiens étaient une population indigène du Péloponèse qui occupait à la fois l’Arcadie proprement dite et le pays appelé Elide, du nom des Eléens, originaires d’Etolie (4). A ce titre, Œnomaos, qui descen- dait des premiers rois éléens, pouvait aussi passer pour le roi des Arcadiens.

(1) Preller, G. M., IL, 386.

(2) Pour.la liste des œuvres d’art, qui reproduisent cette légende à ces différents moments, voir Ritchl, Opuseula, I, p. 196 (Pelops-Vase von Ruvo) et p. 815 (Peiops und Œnomaus : rë- msches sarkophagrelief). Ces deux études sont tirées des Annalï dell Institu’o, 1840 et 1858. Voir aussi Archdol. Zeitung, 1853, p. 33, 1867, p. 64, pl. CCXXIV, 2 (aryballe à pointures blanches et rouges représentant Pélops après la victoire) et 1568, un article de Pervanoglu sur le vase précédent.

(3) Voir le tablean XXIX du livre 1. Philostrate avait dù décrire ce tableau avec celui qui nous occupe, comme l’indique, dans la description d’Hippodarmie, le passage : il a l’âge et la beauté que tu admirais en lui à l’instant, quand il demandait des chevaux à Poseidon. Nous avons suivi l’ordre offert par les manuserits ec adopté par toutes les éditions : mais cet ordre

n’est évidemment pas celui qu’avait choisi Philostrate. (i) Pausanias, V, I, 1.