Page:Une galerie antique de soixante-quatre tableaux (Philostrate de Lemnos, trad. A. Bougot).pdf/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

étrange ne semble guère admissible ; un zodiaque n’est point une porte, de quelque façon qu’on se l’imagine représentée ; d’ailleurs Philostrale parle de plusieurs portes. Tnous semble que tout devient clair si aulieu-de considérer les heures comme rangées autour du char du soleil, nous les supposons placées à égale distance sur la voûte céleste, de manière à recevoir le soleil dans son cours, et à fixer, pour ainsi dire, ses différentes étapes ; elles sont alors chacune comme la gardienne d’une porte par laquelle il faut que le soleil passe ; d’ailleurs c’est par suite d’une mème conception que les Heures des saisons peuvent ètre dites garder les portes du ciel.

Combien y avait-il d’Heures dans le tableau de Philostrate ? Notre auteur ne nous l’apprend pas et il est difficile de suppléer à son silence. Les Heures ’du jour étaient naturellement au nombre de douze ; mais, comme dans le tableau qui nous occupe l’ombre avait déjà gagné, en plein midi, une grande partie du ciel, sans doute plus de la moitié, le nombre des Heures visibles pouvait être fort restreint, sans que le peintre eût cessé d’être exact ; hâtons- nous d’ajouter que l’exactitude n’était point ici de rigueur, el que, quelque fût l’espace encore éclairé par le jour au-dessus de l’horizon, l’artiste avait tout droit de ne nous montrer qu’une seule Heure. Il en avait peint plusieurs, comme le prouve le pluriel employé par Philostrate. Les nécessités de la composition pittoresque avaient sans doute déterminé le nombre de ces heures qui représentaient le jour, au moment d’un déclin prématuré.

Sinous portons maintenant nos recherches sur l’attitude et le costume de ces heures, nous n’arriverons à aucun résullat salisfaisant. Les Heures que l’on rencontre sur les monuments antiques n’ont rien de commun avec les Heures du tableau de Philostrate ; ce sont les Saisons, c’est-à-dire les Heures de l’année et non les Heures du jour. Wieseler reconnaît cependant une Heure, sœur des nôtres, sur des bas-reliefs qui représentent les amours de Séléné et d’Endymion (1) ; cette figure est tantôt ailée et tantôt ne l’est pas ; elle est entièrement vêtue ou ne laisse à &écouvert que le sein droit ; des co- thurnes et une ceinture achèvent de lui donner l’air d’une chasseresse. C’est là, il est vrai, une Heure de nuit, non de jour ; mais on peut supposer avec assez de vraisemblance qu’entre les Heures du jour et de la nuit l’art antique ne mettait pas une différence marquée de costume. Quant à l’heure de Mésembria que le savant archéologue reconnaît, ou plutôt (car il n’a pu la voir ailleurs) signale sur un bas-relief qui représente la chute de Phaéthon (2), elle est ailée ; elle a la partie supérieure du corps entièrement nue ; elle sem- ble s’éloigner du char qui tombe, tout en jetant un regard de pitié et de ter- reur sur Phaéthon ; nous avons déjà dit que nous ne pouvons prendre cette figure pour l’heure de Midi, mais il peut se faire, en effet, qu’elle représente

(1) Phaethe, p. 31, Voir Frôhmer, Catalog. du Louvre, n° 426, et 427. (2) Phaethon, p. 50 ; PI. n° 4. Bas-relief Depoleui à Rome.