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tail peu fait pour être reproduit par la peinture. Comment représenter des pierres qui se meuvent, qui courent sur le sol ou s'escaladent les unes lesau- tres? Cette critique nous semble peu fondée. De tout temps la peinture à exprimé le mouvement; quand un bras est levé comme pour frapper, on sent bien qu'il s'abaissera ; quand un corps est suspendu dans l’espace, on voit bien qu'il tombe. Laissez dans une peinture un murinachevé : que sur la dernière pierre mise en place de nouvelles pierres s’appuient par un angle ou par une arête, nous comprendrons que le mur est en train de s'élever d'une assise; mettez devant cette muraille des pierres, non posées à plat sur


Chélys ou lyre formée


e écaille de tortue. D'après une cornaline de la bibliothèque nationale (catalogue Chabouillet, n° 1469).

le sol, mais dans un équilibre instable, et toutes penchées d'un côté ; nous penserons sans peine qu’elles sont animées d’un mouvement propre, qu'elles courent ou qu'elles roulent, qu’elles se dirigent vers un but. D'ailleurs, dès -qu'Amphion est reconnu, le spectateur reconnaît aisément les pierres dociles dont parle la légende; si elles ne couraient pas, l'imagination les ferait cou- rir; et qu'on ne dise pas que l'artiste doit tout expliquer au spectateur, par les moyens propres à son art; si c’est là une loi de l'esthétique, elle a été plus souvent violée qu'observée. Le peintre du tableau qui nous occupe n'avait point évidemment la prétention d'apprendre le merveilleux talent d'Am-

phion à ceux qui ne le connaissaient pas, mais de le rappeler à ceux qui le connaissaient.

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