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UNE VIE BIEN REMPLIE

tout ; jusqu’à 1.500 mètres on voit des arbres et de la verdure ; ce qui m’a fait la plus profonde impression, c’est de voir, du Mont Salève, à Genève, le coucher du soleil sur le Mont Blanc ; cette blancheur rosée est impossible à décrire ; pour tout dire, c’est ravissant.

XIX


Sept ans ont passé, qui furent une véritable idylle ; deux enfants sont nés, mettant le comble à notre félicité ; mon beau-père étant mort, ma belle-mère vécut avec nous jusqu’en 1880, — sa perte nous a causé une grande peine.

Ma femme partageait mes idées ; elle disait que l’homme doit s’occuper du bien-être général, sans négliger ni son travail ni son foyer.

Je restai toujours à la tête de mon syndicat ; en 1875, je fus de la Commission d’initiative d’une délégation ouvrière envoyée à l’exposition de Philadelphie, délégation libre, c’est-à-dire qui n’acceptait ni la gérance, ni la souscription de l’État.

La souscription produisit 44.000 francs ; trente délégués purent partir en Amérique ; à leur retour, je fus chargé du rapport d’ensemble de cette délégation ; je n’acceptai aucune rétribution pour cela et le rapport que je fis fut imprimé.

Je faisais peu d’action militante ; en 1876, je fus invité par quelques socialistes, de travailler à l’organisation d’un Congrès ouvrier, lequel eut lieu. J’y traitai des rapports entre les ouvriers des villes et les ouvriers agricoles ; ensuite, ma corporation me délégua aux congrès de Marseille et de Lyon.

En 1878, une Commission fut nommée pour recevoir les délégués français et étrangers à l’Exposition ; j’en fus nommé secrétaire ; 80 groupes y étaient représentés. 39 citoyens