Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 75 —

ce sont de beaux guerriers, robustes et musclés, sous les pagnes blancs qui font ressortir encore davantage l’ébène de leur sculpture. Pas un cri, pas un geste, pas un bruit.

« Silencieux nous-mêmes et profondément émus, nous traversons la haie qu’ils forment, alignés au cordeau comme les longues enfilades d’épis de champ de blé.

« Les principaux officiers de l’armée sont venus nous entourer. Notre groupe se met en marche, il nous faut plus d’un grand quart d’heure pour traverser les premiers rangs, tant leur ordre de bataille est profond. Puis, nous traversons un espace vide, de l’autre côté duquel l’armée noire continue. Ici, ce ne sont plus des guerriers. La seconde ligne, en effet, se compose d’amazones sur trois rangs serrés, entourant comme d’un cercle immense le trône même du roi que nous n’apercevons pas encore.

« Elles sont là quatre mille guerrières, les quatre mille vierges noires du Dahomey, gardes du corps du monarque, immobiles aussi sous leurs chemises de guerre, le fusil et le couteau au poing, prêtes à bondir sur un signal du maître.

« Vieilles ou jeunes, laides ou jolies, elles sont merveilleuses à contempler. Aussi solidement musclées que les guerriers noirs, leur