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feu. Dix jours se passèrent sans être souillés de sacrifices humains ; mais en fut-il de même des nuits intermédiaires ? J’ai malheureusement tout lieu de ne pas le croire.

« Le 22 juillet, il me fallut encore être témoin de la Grande Coutume, au palais du feu roi, dont deux hautes plates-formes flanquaient la porte d’entrée. Chacune d’elles supportait seize captifs et quatre chevaux, tandis qu’un même nombre de chevaux, un alligator et seize femmes étaient placés sur une troisième plate-forme, dans la cour intérieure de l’habitation.

« Lorsque ces malheureux, assis ou plutôt enchaînés sur des sièges grossiers eurent été disposés autour de trois tables (une pour chaque groupe), on plaça devant chacun d’eux un verre de rhum, et le roi, montant sur la plate-forme la plus élevée, adora solennellement ses fétiches nationaux et s’inclina devant les captifs dont les bras droits furent alors déliés pour leur permettre de prendre les verres de rhum et de boire à la santé du monarque qui les vouait à la mort…

« Une revue des troupes eut lieu, puis les captifs eurent la tête tranchée ou plutôt sciée avec des couteaux ébréchés. Les chevaux et l’alligator furent égorgés en même temps et les