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Repin décrit ainsi la demeure du roi de Dahomey, à Abomey[1] :

« …L’ensemble du palais est entouré d’un mur en terre sèche de quinze à vingt pieds de hauteur, percé de plusieurs portes et hérissé, de distance en distance, de crochets de fer supportant des têtes humaines, les unes déjà blanchies par le temps, d’autres couvertes encore de quelques lambeaux de chair, quelques-unes enfin fraîchement découpées… »

Le docteur est d’accord avec les Européens qui, depuis lui, ont visité Abomey.

Le tombeau des Rois, vaste souterrain creusé par la main de l’homme, est dans cette ville.

« Quand un roi meurt, on lui érige, dit-il, au centre de ce caveau, une espèce de cénotaphe entouré de barres de fer, surmonté d’un cercueil en terre cimenté du sang d’une centaine de captifs provenant des dernières guerres et sacrifiés pour servir de gardes au souverain, dans l’autre monde. Le corps du monarque est déposé dans le cercueil, la tête reposant sur les crânes des rois vaincus ; enfin, comme autant de reliques de la royauté défunte, on dépose au pied du cénotaphe tout ce que l’on peut y placer de crânes et d’ossements.

  1. Tour du Monde, 1863, 1er semestre, p. 65-112.