Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/346

Cette page n’a pas encore été corrigée

trois négresses que l’Avenir Algérien a plus contribué que qui que ce soit à faire mettre en liberté. Hier seulement mon courtier (tout se fait par courtier ici) m’a conduit dans un affreux quartier composé d’une longue rue sur laquelle une série infinie de longues impasses s’abouchent perfidement et vous offrent à chaque pas la tentation de vous engager dans une voie au bout de laquelle, après quelques centaines de mètres de marche tortueuse, vous vous heurterez à un mur et devrez reparcourir le labyrinthe en sens contraire.

« Mon guide, après de longues hésitations, de longs pourparlers avec les passants, finit par s’arrêter devant une maison qui paraissait construite avec de la boue, tout au fond d’une boueuse impasse. Il frappa à la porte au moyen de l’anneau qui sert de heurtoir et nous attendîmes. Des voix chevrotantes, accompagnées du son du tambourin et des cymbales, se faisaient entendre à notre arrivée et me rappelaient mes campagnes au Sénégal, déjà lointaines. Mais tout bruit cessa dès que mon compagnon eut heurté. Il redoubla, en prononçant quelques mots qu’il destinait, sans doute, à tranquilliser les gens de céans. En effet, les mêmes voix, mais sur un mode plus craintif que joyeux, lui répondirent. L'accent juif de mon