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Les Tunisiens, comme la plupart des Musulmans, jugent de la bonté du caractère d’un nègre ou d’une négresse, d’après divers indices : le jugement est favorable lorsque l’esclave a un bel œil, bien ouvert, bien clair, avec l’albumine bien nette et bien blanche, les gencives et la langue vermeilles, sans aucune tache brune ou noirâtre, la paume des mains et la plante des pieds couleur de chair, les ongles beaux et réguliers : ils prétendent que les nègres qui ont le blanc de l’œil teinté d’une couleur brunâtre ou rougeâtre et sillonné de ramifications de petites veines apparentes, les gencives et la langue tachetées de brun, sont infailliblement d’un caractère mauvais et d’un naturel incorrigible.

Dès leur arrivée au lieu du marché, les négresses se frottent le corps tout entier d’huile ou de graisse, pour mieux faire ressortir le coloris de leur peau noire ; quoique ces malheureuses n’aient, au lieu de cheveux, qu’une espèce de laine, cependant elles conservent pour cette partie de leur toilette la coutume du pays natal et se couvrent la tête d’une centaine de petites tresses trempées, pour ainsi dire, dans le beurre ou dans la graisse de mouton, qui leur servent de pommade. Toutes ont les oreilles et souvent les ailes des narines