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mâle ou femelle, qu’on examine. On palpe ses chairs, on fait jouer ses articulations, craquer ses jointures, on explore les parties les plus secrètes de son corps. Les dames, même de la plus haute classe, dégustaient, naguère encore, sur leur langue, la sueur de la jeune esclave qu’elles voulaient acheter, persuadées qu’elles reconnaissaient dans l’appréciation de cette saveur les bonnes ou mauvaises qualités de leur future propriété. Les négriers britanniques procédaient de la sorte, au siècle dernier, pour connaître la valeur morale de la « pièce d’Inde ! »

Après cet examen si scrupuleux, accompagné de recherches aussi étranges parfois, l’acheteur fait une offre préliminaire approximative, suivant le taux du prix ordinaire ; si plusieurs acquéreurs sont en présence la vente a lieu aux enchères.

Si, aucun enchérisseur n’ayant dépassé le prix offert par l’acheteur, celui-ci et le vendeur n’ont pu se mettre d’accord, le courtier ou déllal, se place entre eux et prend chacun d’eux par la main, prie le vendeur de diminuer son prix et l’acheteur d’augmenter le sien. Le vendeur ne répond jamais que : « Yftah Allah, Dieu m’en préserve ! » L’acheteur joint ses instances à celles du courtier. Ce trio de pro-