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sépare le marché des bords du lac, que l’on pouvait voir toutes les hideuses conséquences de ce trafic diabolique. Cet espace est le cimetière d’Oudjidji, ou pour mieux dire la voirie où sont jetés tous les cadavres des esclaves morts ou agonisants. Les hyènes, très abondantes dans le pays, sont chargées de la sépulture.

Un étranger, qui ne connaissait pas encore la ville, voulut s’avancer jusqu’aux bords du lac ; mais, à la vue des nombreux cadavres semés le long du sentier, à moitié dévorés par les hyènes ou les oiseaux de proie, il recula d’épouvante.

Ayant demandé à un Arabe pourquoi les cadavres étaient si nombreux aux environs d’Oudjidji et pourquoi on les laissait aussi près de la ville, au risque d’une infection générale, il lui répondit serein ton tout naturel et comme s’il se fût agi de la chose la plus simple du monde :

— Autrefois, nous étions habitués à jeter en cet endroit les cadavres de nos esclaves morts et chaque nuit les hyènes venaient les emporter ; mais, cette année, le nombre des morts a été si considérable que ces animaux ne suffisent plus à les dévorer. Ils se sont dégoûtés de la chair humaine !!!

Dans le Somraï, Nachtigal, après une razzia,