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monies terminées, le dieu est déposé sur la tête de l’accusé qui le retient avec peine de ses deux mains. Quatre sorciers s’accroupissent autour de lui pour recevoir la divinité ; si elle tombe en avant, le prévenu est acquitté ; si elle tombe en arrière, il est déclaré coupable.

« Voici le moment critique et solennel. Tous les regards sont fixés sur le malheureux qui, baigné de sueur, tremble et ose à peine reprendre haleine ; il fait pitié à voir : cette masse énorme l’écrase. Tout à coup Onsé s’agite, sous une impulsion mystérieuse, oscille tantôt à droite, tantôt à gauche, tantôt en avant, tantôt en arrière ; puis, s’arrête… on espère, on craint ; mais le mouvement s’accentue de nouveau et le fétiche tombe en arrière. L’accusé est déclaré coupable, et, les mains fortement liées derrière le dos, est mis sous bonne garde. C’était un homme d’environ cinquante-cinq ans, aux cheveux grisonnants, à la physionomie franche et ouverte ; il se laissa enchaîner sans résistance, mais son visage parut profondément bouleversé.

« La seconde épreuve, qui se faisait sur une femme, fut plus heureuse : le fétiche tomba en avant, et elle fut proclamée innocente. Vint le tour d’une autre femme d’une trentaine d’années ; d’une constitution faible, elle est écrasée par le poids du dieu. Quatre fois, les féticheurs