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près d’une case où la patiente est enfermée, crient, dansent pour chasser l’esprit mauvais. Pendant ce temps, une vieille sorcière offre des sacrifices de farine à l’esprit favorable et forme devant la hutte, avec de la boue pétrie, une grossière figure munie, de quatre membres et que l’on prendrait pour la représentation rudimentaire d’un crocodile, si l’on ignorait que les nègres représentent ainsi la Mtamhala (esprit mauvais) qui habite le cours d’eau.

Quelquefois, disent les nègres, ces esprits mauvais entrent dans le corps des crocodiles et envoient ces grands reptiles amphibies saisir les pêcheurs sur le bord du lac ou des rivières.

Si un homme est emporté, il faut une seconde victime, parce que l’esprit est alors irrité, se plaint d'être oublié, de ne pas recevoir assez d’offrandes, puisqu’il doit se les procurer lui-même. Les sorciers délibèrent, consultent la volonté de l’esprit et choisissent dans le village une personne que l’on jette, pieds et poings liés, en pâture aux crocodiles, comme offrande propitiatoire.

Outre le culte des esprits, les nègres ont encore souvent celui des dieux lares. Une case leur est destinée, mieux entretenue que les autres, et dont le sol est recouvert d’un tapis d’herbe fraîche, renouvelée fréquemment. Les hommes