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La sorcellerie joue un rôle important chez les Egbas razziés récemment par le roi de Dahomey, et qui ont pris sur lui une revanche éclatante. Le culte d’Oro, une divinité imaginaire, est en honneur à Abéokouta. On représente Oro comme un esprit de l’autre monde, en proie à des tourments incalculables, errant la nuit, souvent même le jour. Une femme qu’il rencontrerait sur son passage serait immédiatement mise en pièces.

Oro s’attaque aux arbres et les brise ou en dévore les feuilles et rameaux. Une nuit lui suffît pour commettre ces méfaits. On ne trouve plus sur l’arbre que le pot en terre, servant de marmite, dans lequel il a fait cuire branches et feuillage ; une natte, tenant lieu de nappe, et des chiffons, lambeaux de son pagne !

Afin de mieux terroriser les femmes et les enfants, les Egbas, dont les habitations n’ont jamais de fenêtres sur la rue, les enferment dans les maisons et vont rapidement dévaster un arbre que les crédules créatures croiront ensuite avoir été ravagé par Oro.

Toute femme qui parle d’Oro est mise à mort. Nous tenons de source certaine qu’un bambin de quatre ans, jouant dans la rue au moment où l’on faisait Oro, voulut devant sa mère imiter le sifflement du fétiche ; le père accourut