Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

pays. Le roi lui répondit que, sachant toute l’horreur que cette nourriture nous inspirait, il avait donné des ordres pour qu’elle fût préparée et mangée secrètement.

« Des Nubiens, j’ai déjà eu l’occasion de le dire, m’ont affirmé que des Bongos, morts de fatigue à la suite de leurs caravanes, avaient été déterrés pour servir d’aliments, et, s’il faut en croire les Nyams-Nyams, qui avouent fort bien leur cannibalisme, jamais chez eux un corps humain n’est rejeté comme impropre à l’alimentation, à moins que l’individu ne soit mort de quelque hideuse maladie de peau. En revanche, il y a dans le pays des gens qui éprouvent une telle horreur pour la chair humaine qu’ils refusent de manger d’un mets quelconque au même plat qu’un anthropophage… »

« Depuis quelque temps, nous avons fait, à bien des points de vue, plus ample connaissance avec l’Afrique, et le cannibalisme de quelques-unes de ses peuplades nous a été confirmé par des témoignages authentiques ; mais, soit que l’on considère l’anthropophagie comme le vestige d’un culte païen, soit qu’on le regarde comme le résultat de l’insuffisance de nourriture animale, toutes les explications qu’on a pu donner de ce problème psychologique ne diminuent pas l’horreur qui nous saisit chaque