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les mauvais esprits : ne pouvant y réussir et voyant que le malade allait mourir, il voulut lui trouver un tombeau d’un genre particulier ; il coupa tout simplement la tête du patient qui fut enterrée au milieu de la plus grande solennité, avec force tam-tam, coups de fusils, pleurs, gémissements et surtout vin de palme, sans doute pour noyer la douleur. A l’issue de la cérémonie, tout le village se réunit et l’on partagea le reste du cadavre qui fut cuit avec des bananes et mangé au milieu des cris de joie les plus atroces,

« Le lendemain, le chef du village ayant occasion de venir chez moi, j’en profitai pour le semoncer vertement sur son horrible festin de la veille. Il me répondit simplement et avec la plus grande conviction :

« — Tu ne manges pas de chair humaine ?

« — Non, mille fois non !

« — Tu as tort : c’est excellent.

« — Mais c’est toi qui as tort, car il n’est pas permis de manger son semblable.

« — Vous autres blancs, vous ne connaissez pas ce qui est bon ; attends un peu : lorsque tu seras resté six mois chez nous, nous t’apprendrons à manger ce mets et tu le trou veras excellent !!!

« — Mangez-vous aussi les blancs ?