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ser. En face de nous, à cinquante pas, hors du rempart, près d’une porte de la ville, s’élève au milieu de la plaine, un petit bosquet fétiche de forme ronde, c’est un massif impénétrable. La veille, les noirs y ont ouvert, à coups de sabres, un large et tortueux chemin conduisant au pied d’un grand arbre, où l’on doit brûler l’ago et immoler les dernières victimes. La longue file d’hommes armés arrive enfin, bannières déployées ; ils viennent se ranger par bataillon, le balogun en tête, de chaque côté du bosquet. Nous découvrons la première victime : vêtue de blanc, elle conduit un cheval par la bride ; c’est le représentant du sogan, palefrenier des écuries du feu roi. Il marche d’un pas décidé et parait heureux : c’est un jeune homme d’une vingtaine d’années.

« La veille, le cabacère lui a dit : « Je désire faire présent d’un cheval pour les rois. Veux tu le conduire là-bas dans le buisson où l’on va s’amuser, offrir aux rois de l’eau-de-vie et brûler ce qui leur a appartenu ? »

« Le jeune homme accepte.

« — C’est bien, reprend le cabacère, va te laver et reviens ; mange bien et bois bien ; demain tu conduiras le cheval et tu feras près de l’ago les commissions qu’on te donnera pour les rois. »