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çons au dehors. Le baba laouo, appelé une seconde fois, déclara que son fétiche était muet. Le marabout, son papier à la main, et roulant entre ses doigts les grains de son chapelet, adressait au Ciel de ferventes prières :

« Qu’Allah te protège, qu’il éloigne le mauvais, esprit de ton chemin, qu’il te pardonne tes fautes, qu’il te conduise dans le lieu bon et détourne ton pied du chemin du feu ! »

« Ainsi mourut Messi, après deux années de règne. Prince sans énergie et énervé par la volupté, il ne gouvernait pas. Tout allait au caprice des cabacères et à la volonté des féticheurs. Le vol était à l’ordre du jour, le crime restait impuni, et, sous prétexte qu’il fallait aux dieux une victime humaine, les féticheurs pouvaient satisfaire sans aucun frein toutes leurs vengeances particulières.

« Les funérailles eurent lieu dans le plus grand secret, le jour même de la mort. A la nuit, les préparatifs commencèrent. Quelques vieux esclaves, versés dans les rites Jeji, sont initiés au secret, creusent, dans une case voisine de celle du monarque défunt, sous la conduite de Hunfuo, messager du roi, une fosse large mais peu profonde. Les cabacères arrivent en silence et pénètrent dans la chambre mortuaire éclairée par des torches de résine et