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« Dans notre caravane, les esclaves étaient divisés par bandes ; nous étions dans chacune d’elles quarante à cinquante nègres, de tout âge, de tout sexe, de toute tribu du centre de l’Afrique ; nous marchions les uns à la suite des autres.

« Plusieurs esclaves ayant voulu s’enfuir, on serra au col d’un esclave un fort anneau de fer ; à cet anneau était rivé un plus petit dans lequel on avait passé une longue chaîne qui reliait tous les nègres ensemble, régularisait leurs mouvements et les empêchait de fuir.

« Comme le temps pressait, les maîtres nous frappaient à coups de fouets et de nerfs de bœuf. Qu’il était triste de voir les vieillards et les malades ! Ils s’accrochaient en désespérés à leurs compagnons de misère, et, quand la bande s’arrêtait une minute pour respirer, il y en avait qui restaient suspendus à leur collier comme une masse inerte.

« Des drames épouvantables marquaient ces instants de repos. Un pauvre nègre était-il à bout de forces, on le frappait et on le frappait encore ; il fallait quelques minutes aux maîtres Arabes pour dénouer la chaîne, mais les minutes paraissaient des heures à ces marchands. Que se passait-il alors ? On lui coupait la tête et la bande reprenait sa marche. »