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d’ivoire par an. Si cette possession est intéressante pour l’Égypte, ce n’est que parce qu’elle fournit des esclaves aux pays musulmans. »

Depuis que le Soudan Oriental est tombé, en partie, entre les mains des Mahdistes, la chasse à l’homme a repris de plus belle dans la vallée du Haut-Nil et le Plateau Central. Au Soudan, les pourvoyeurs des marchands d’esclaves sont les princes indigènes eux-mêmes. C’est la principale source de leurs revenus. Disciples du Koran, ils considèrent les populations païennes, c’est-à-dire fétichistes, sujettes ou non de leurs États, comme dépourvues de toute espèce de droits vis-à-vis des Croyants, les razzias qu’ils organisent et auxquelles ils intéressent, les chefs et les soldats de leurs petites armées, s’étendent sur de vastes territoires. On entoure et on incendie les villages, on tue tout ce qui résiste ou paraît impropre à la marche, au travail, à la luxure, on emmène le reste. Les dévastations et le carnage qui marquent ces sinistres expéditions sont indescriptibles, des provinces entières qu’on avait vues naguères populeuses et prospères se retrouvent, au bout de quelques années, désertes et arides.

Le Plateau Central, jadis appelé le jardin de l’Afrique, est aujourd’hui, grâce à cet exé-