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comme un accessoire ordinaire de leurs attributions ; il est de fait qu’au Soudan ils sont tous plus ou moins souillés par cet odieux commerce. Ce que d’ailleurs on leur voit faire dans les grandes villes, à Khartoum, par exemple, où l’on a mille occasions d’observer leur conduite, est réellement incroyable… Les riches ont des collèges et des tavernes, qu’ils font tenir par des salariés. Dans les uns on apprend la lettre des commandements du Prophète, dans les autres on pratique largement le culte de Vénus…

« Un dernier mot pour les montrer dans tout leur jour : le Koran d’une main, le couteau à eunuque de l’autre[1], ils vont de zériba en zériba, menant, dans toute la force du terme, ce que nos dévots appellent une vie de prière, ne disant pas une parole sans invoquer Allah et son Prophète et associant à leurs pratiques religieuses les infamies les plus révoltantes, les cruautés les plus atroces. Je n’ai jamais vu d’esclaves plus à plaindre que les leurs ; ce qui n’empêche pas les saints personnages de choisir pour ces malheureux achetés à vil prix

  1. Les fakis du Darfour sont probablement les seuls praticiens qui émasculent encore les enfants, les eunuques deviennent de plus en plus rares. Les prêtres Coptes avaient aussi, jadis, cette horrible spécialité.