Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/135

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qu’une des femmes du roi — charmante créature par parenthèse — eut la malheureuse idée, croyant lui être agréable, de lui présenter un fruit qu’elle venait de cueillir. Aussitôt, comme pris d’un accès de folie, il entra dans la plus violente colère : « C’était la première fois, disait-il, qu’une femme s’était permis de lui offrir quelque chose ; » et là-dessus, sans alléguer d’autre motif, il enjoignit à ses pages de saisir la coupable, de lui lier les mains et de la faire exécuter sur-le-champ.

« A peine ces mots prononcés, tous les jeunes drôles à qui le roi s’adressait déroulèrent en un clin d’œil les turbans de corde qui ceignaient leurs têtes, et, comme une meute de bassets avides, ils se précipitèrent sur la belle créature qui leur était livrée. Celle-ci, indignée que de pareils marmots se crussent autorisés à mettre la main sur sa personne royale, essaya de les repousser comme autant de moucherons importuns, tout en adressant au roi des remontrances passionnées ; mais en peu d’instants ils l’eurent saisie, renversée, et, tandis qu’ils l’enchaînaient, l’infortunée nous adjurait, le kamravioua et moi, de lui prêter aide et protection. Lubrega cependant, la sultane préférée, s’était jetée aux genoux du roi, et toutes ses compagnes, prosternées autour de lui, sollicitaient le pardon de