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chargés, font des affaires importantes et jettent sur la place les esclaves par centaines.

« La plupart des gros marchands ont des associés ou des agents à poste fixe dans les grandes zéribas[1]. »

La corvée, appliquée à l’agriculture, n’existe pas pour les indigènes ; elle serait cependant moins nuisible au pays que l’arbitraire, avec lequel, sous prétexte de punir le vol, la désertion ou la mauvaise foi, on saisit les enfants, dans les villages, pour les vendre aux Djellabas. Placés en dehors de tout contrôle par suite de l’éloignement des chefs de maisons de commerce, les gouverneurs des zéribas jouissent d’une entière indépendance. Beaucoup d’entre eux sont des esclaves élevés sous l’œil du maître et qu’on envoie diriger les établissements, de tels postes ne pouvant être confiés qu’à des gens dont on est sûr. Rien ne les empêche de vendre tous les nègres du territoire, de convertir en cuivre le prix de la cession et d’aller vivre tranquillement au Darfour, qui est un lieu d’asile pour beaucoup de malfaiteurs. On peut toutefois compter sur eux jusqu’à un certain point : mais il n’en est pas de même pour les agents des succursales. Nommés générale-

  1. Poste central ou établissement pour le commerce de l’ivoire et des esclaves. (De l’arabe, zeriba, palissade).