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UN ÉTÉ À LA CAMPAGNE


de remplacer madame, et tu verras que je la remplacerai.

Monsieur touche à la quarantaine, il est vrai, mais il est encore fort bien, à cela près de quelques cheveux absents, et ce n’est pas là un tort irréparable, que je sache ; il a une petite fortune ; son pensionnat rapporte beaucoup ; c’est donc un très-bon parti pour moi, qui n’ai absolument rien. Je serai dame et maîtresse ; mon rêve ! tu le sais, chère Adèle.

Si je veux arriver à ce but, la première condition est de ne pas descendre du piédestal de haute vertu sur lequel je me suis guindée.

En conséquence, voici comment j’ai jugé à propos de procéder : sans dire un mot, j’ai pris la main qui s’égarait, je l’ai rendue à son propriétaire, et le couvrant d’un regard glacial, je me suis levée majestueusement, puis, de l’air d’une impératrice offensée, j’ai gagné lentement la porte, et