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LETTRE SIXIÈME


corps s’agite, bondit en soubresauts frénétiques, et qui bientôt, vaincue, s’affaisse sur elle-même ; la honte de sa défaite, sans doute, lui arrache alors de plaintifs gémissements.

Après être restée quelques instants sans mouvement sur son fauteuil, dans une pose qu’il ne doit pas être donné souvent à un peintre de reproduire au naturel, ma tante, revenue enfin à elle, rend la liberté au serpent qu’elle avait eu l’imprudence de réchauffer dans son sein, le dépose sur la table de nuit, se couche et éteint sa bougie.

Je soupçonne qu’elle ne s’endormit pas tout de suite, car, étant restée aux écoutes, j’entendis encore de gros soupirs causés, j’imagine, par l’excentrique remplaçant nocturne du colonel de M… ; ce qui me suggéra l’idée, ne sachant de quelle dénomination gratifier le monsieur en question, de l’appeler mon oncle.